Mongolie: Aimag du Töv

Publié le

P1060939Après une semaine passée à Oulan Bator et mon visa pour la Chine en poche, je grimpe sur la Fusée samedi 14 au matin, direction l’est du pays et ses steppes. La Mongolie n’est pas un pays qui se visite et se voit mais un pays qui se vit et j’avais surtout envie de connaître l’hospitalité mongole en partant dans cette partie du pays, très peu peuplée et délaissée par les touristes.
Chevaux  Des yacks!!!
En chemin je m’arrête au Parc National de Terelj-Khenti à 70kms de la capitale, une réserve naturelle boisée et montagneuse où de nombreux Oulanbattistes viennent camper, faire du cheval ou simplement prendre l’air loin du bruit et de la pollution de la ville. Des familles habitent le parc avec leurs troupeaux et de nombreux camps de yourtes et quelques hôtels en dur se sont développés pour les touristes souhaitant y séjourner.

Premier camp en Mongolie   Pluie et brume du matinAprès une journée passée à pédaler avec le vent de face et sur une route où côtes et descentes s’alternent sans arrêt, je plante la camp au bord d’un petit ruisseau, bien fatiguée. Le lendemain, je me dirige sous la pluie vers Terelj, la ville du parc. Il n’y a rien de bien palpitant, deux hôtels luxueux et un club d’équitation, et je ne trouve pas le cours d’eau indiqué sur la carte. Je repars bredouille à l’assaut des côtes interminables, cette fois-ci le vent dans le dos. La pluie a cessé; je ferai en 2 heures ce que j’avais fait en 5 la veille!

Dejeuner pres de la riviere  Avant de sortir du parc, je décide de m’arrêter manger le long de la rivière: salade de riz et crêpes au chocolat! Il se remet à pleuvoir et les mongols venus déjeuner près de moi montent tant bien que mal leur tente pendant que je me fais un abri de fortune avec ma couverture de survie. Mon repas fini, je décide de me faire un thé pour me réchauffer avant de repartir.
 Les 4 premiers mongols qui m'invitent!Mes voisins m’appellent: ils souhaitent que je vienne manger avec eux! Je les rejoins donc pour manger des Buzz dans du Süütei Tsaï (thé au lait salé). A peine ai-je finie qu’ils me proposent de porter un toast avec un shot de whisky! Comme le veut la tradition mongole, je ne refuse pas à manger ou à boire sans y avoir goûté. S’en suit un deuxième shot puis des cacahuètes et des chocolats pour faire passer l’alcool. Je refuse les shots suivants, leur expliquant que je vais devoir reprendre la route, mais eux continuent de trinquer. Ils ne parlent pas anglais, pourtant nous arrivons à nous comprendre grâce à mon livre français-mongole: ce sont en fait deux couples d’amis de la cinquantaine habitant Oulan Bator. L’une est vendeuse dans un magasin de vêtements, l’autre travaille dans un supermarché ; leurs maris sont vendeurs en concession auto et chauffeur de bus. Je leur montre mon album photos pour leur expliquer ma vie: ma famille, mon travail et mes anciens collègues. Les femmes se mettent à chanter une chanson mongole en me montrant les photos de mes parents. Le whisky fini, ils entament la vodka mongole et je ne peux pas refuser d’y goûter au moins une fois! Eux doivent en être à leur 10eme verre mais j’ai arrêté de compter.
P1060942Il est déjà 16h45 et je vais reprendre la route. Je plie mes affaires, prends une photo de mes hotes, remplis mes bouteilles et repars à l’assaut des collines. J’ai de nouveau le vent de face sur la grande route qui mène à la statue de Genghis Khan, l’empereur mongole et personnage mythique représentant du pays. Après 20kms, une voiture s’arrête et un homme me demande si je vais voir la statue. Il me propose de mettre mon vélo dans sa voiture et de m’y emmener avant que le parc ferme à 20 heures. Il s’appelle Ahmed Ali, il est kazakh et photographie les touristes avec des faucons ou des vautours devant la statue. Arrivée là-bas, il me demande où je vais dormir: une nuit dans une yourte autour du parc coûte 70.000 Tugriks, 7 fois ce que j’ai payé à Oulan Bator… Lui me propose de dormir chez lui dans une yourte kazakh pour seulement 10.000 Tgks; je finis par accepter.
Elevage au milieu de la steppe  Premiere yourte du voyage
Les vautours dans le coffre et mon vélo à l’arrière, nous partons chez des amis éleveurs qui habitent à 5kms, où l’attendent sa famille et un couple d’amis. Je rentre pour la première fois dans une yourte. A gauche, la banquette pour les invités et une table basse pour manger, à droite le lit des parents et en face de la porte, celui de leur fils de 14 ans où est posé une dombra, un lute (sorte de guitare) à 2 cordes typiquement kazakh. Au centre trône le poêle tourné vers la droite, le sol est recouvert d’un lino facilement balayable et la lumière rentre par le toit, à moitié recouvert d’un film plastique. Je prends place sur la banquette pour prendre le thé et manger des biscuits et beignets, sans avoir vraiment faim après mon double déjeuner! Je ne vais en fait pas dormir chez Ali mais chez ce couple d’éleveurs qui possède 17 vaches et 300 chèvres et moutons.
Famille d'eleveurs kazakhsAli, sa famille et le couple d’amis s’en vont et je reste dans la yourte. Le couple non plus ne parle pas anglais mais mes photos aident; la femme me montre à son tour des photos de touristes venus séjourner chez eux. Il est 21 heures 30, il fait nuit et c’est l’heure de se coucher. A la lumière de l’ampoule accrochée au toit de la yourte et branchée sur batterie, la femme prépare mon lit sur la banquette en bois. Les leurs sont magnifiques, des lits à baldaquins avec des rideaux aux couleurs vivent. Dans la yourte peu de meubles: une petite commode orange décorée à la main et une sorte de vaisselier où est rangée la nourriture; les murs sont recouverts de tapis. Je dormirai comme un bébé.
Il est à peine 6 heures lorsque je me réveille en entendant la mère et le fils chuchoter. Le soleil est levé et il fait déjà aussi jour qu’à dix heures.
P1060938Le mari est parti traire les vaches après avoir laissé les veaux téter quelques instants. Sa femme sort les ovins de l’enclos et son fils part chercher de l’eau avec une sorte de carriole où sont posés deux gros bidons bleus qui voivent bien faire 25kgs chacun une fois remplis. Il les videra ensuite dans un énorme tonneau bleu à l’entrée de la yourte. L’eau servira pour le thé, la toilette, la vaisselle. Je m’apprête à repartir quand la femme me dit qu’elle va d’abord préparer le thé. Habitant près d’une petite forêt, elle allume le feu au bois. Je déjeune donc avec eux: Süütei Tsaï et pain trempé dedans. Je paye ma nuit et insiste pour payer mes repas mais la femme refuse. Je pars sur la piste qui mène à la route asphaltée en direction de l’est. Le Töv, l’aimag (région) dans lequel je suis, est très vallonné et très venteux.
OvooSans avoir vraiment faim, je m’arrêterai faire une pause au sommet d’une colline où trône un Ovoo, un mausolée de pierres et de rubans bleus où les mongoles s’arrêtent traditionnellement jeter trois pierres en en faisant trois fois le tour dans le sens des aiguilles d’une montre afin de faire bon voyage. Je déballe ma converture de survie mouillée par la pluie de la veille et me repose à peine 5 minutes lorsqu’un jeune couple de mongols sur une mobilette s’arrête et vient me parler: ils m’invitent dans leur yourte à quelques kilomètres de là.
Je reprends donc la route avec eux et arrive dans la yourte des parents du mari, absents, où 5 enfants sont restés: leur petite fille d’un an et les 4 frères et sœurs du mari. Mongoïlt porte l’habit traditionnel, il a 25 ans et 3 frères de 14, 2 et 1 an ainsi qu’une sœur de 3 ans. Sa femme de 22 ans est enceinte et ils étaient partis faire une échographie en ville. On m’invite pour du thé et des biscuits, à deguster avec de la crème jaune or.
Deuxieme yourte du voyageLa yourte mongole est différente de la yourte kazakh: pas de décoration au mur, tout est sobre et fonctionnel et le sol est recouvert de tapis. Aucun d’entre eux ne parle anglais, je leur montre donc les photos et nous essayons de discuter. Comme les 2 couples hier midi, ils me demandent mon âge et sont surpris que je ne sois pas mariée et n’ai pas d’enfants. Ils veulent que je leur montre tout ce que j’ai dans mes sacoches; nous déballons tout ensemble et j’offre du tabac à priser, des boutons pour habit traditionnel et du thé au petit couple. Les parents reviennent à mobilette, il est l’heure de préparer à manger: la femme de Mongoïlt prépare des Khuushuurs pendant que le reste de la famille regarde la télévision allumée en permanence. Mongoïlt allume le feu: ici pas de forêt, il utilise donc des bouses de vaches et un morceau de chambre à air pour le lancer. Il me propose de rester dormir dans la yourte cette nuit, ce que j’accepte volontiers.
 Coucher de soleil sur la steppeDes nomades arrivent de temps à autre pour discuter, emprunter des outils, boire un thé. Le couple cuit les Kuushuurs dans de la graisse de vache; à peine cuits, tout le monde les mange encore brûlants. Sans oublier un petit bol de vodka! C’est l’heure pour Mongoïlt et sa famille de rentrer à leur yourte, les parents repartent avec un bidon et un seau de lait à mobilette pendant que le fils va chercher les troupeaux dans la nuit et que je garde les enfants. Tous rentrés, nous nous couchons avec la télé allumée qui sera éteinte (ou s’éteindra faute de batterie) à 4h30 du matin.
Au réveil, seule la mère est là avec les enfants qui dorment encore. Elle prépare du thé après avoir rallumé le poêle. Il ne faisait que 16 degrés à mon réveil et la température monte vite à 32 degrés. Pour éviter cette fournaise, elle ouvre la yourte de l’extérieur en soulevant les morceaux de feutre et ainsi la ventiler. Le père est parti à mobilette et le fils est parti à cheval amener les troupeaux paître.
Deuxieme camp, dans le TovA leur retour je reprends la route. Je quitte le Töv en ce mardi après-midi sous un grand soleil et avec le vent et plante la tente dans un petit coin de paradis entre les montagnes près de la petite ville de Daganuur, à 2kms de la route. Une piste passe non loin, menant à des yourtes, et des nomades me salueront dans la soirée.
P1060962
Mon passage dans le Töv me permit de rencontrer les premiers nomades de mon voyage, et bien que la route ne soit pas toujours aisée, les rencontres et paysages m’ont vite fait oublier les difficultés. Je retournerai volontiers dans cet Aimag, à la périphérie de la capitale et pourtant déjà si rural.

4 réflexions au sujet de « Mongolie: Aimag du Töv »

    Maryline a dit:
    1 juillet 2014 à 14 h 12 min

    Ouah ! Ce doit être une sacree experience les steppes mongoles ! Tu m’impressionnes Alex ! J’ai hate de lire la suite… Bisous. Mommy

    agnes a dit:
    1 juillet 2014 à 19 h 23 min

    Quelles jolies rencontres!!!
    Très contente d’avoir de tes nouvelles.
    Bon vent, ma belle
    Agnès

    richard raymonde a dit:
    3 juillet 2014 à 19 h 49 min

    tres heureuse d avoir lu toutes tes peripeties . je ne pourrais pas faire ce que tu fais
    bisous je suis impatiente de lire la suite
    mamy

    gilberte.mace@wanadoo.fr a dit:
    22 juillet 2014 à 19 h 08 min

    oh la la je vois que tes peripeties te font rencontrer des gens vraiment sympa, meme si vous ne parlez pas le meme langage.Formidable ma cherie ,quelle richesse pour tes jours futures.Gros bisous

Laisser un commentaire